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Les conférences ont lieu à l'auditorium du musée d'Art moderne, elles sont gratuites dans la limite des 100 places disponibles de l'auditorium.
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29/01/2024
Soyons en assurés, les beaux jours se profilent.
Ernest Hemingway, dans son ouvrage « Paris est une fête » nous l'affirmait déjà : « il y avait tant d'arbres dans la ville, que vous pouviez voir le printemps se rapprocher de jour en jour, jusqu'au moment où une nuit de vent chaud l'installerait dans la place, entre le soir et le matin ».
Résidant alors à Paris en ces années 20, il y fait connaissance d'artistes dit « de la modernité » ; de cette modernité que nous propose de revisiter le Petit Palais.
« Le Paris de la modernité 1905-1925 » jusqu'au 14 avril 2024
Un parcours époustouflant y retrace l'effervescence de cette époque, tant au niveau artistique que technologique et architectural, dans cette ville lumière où affluent des artistes du monde entier.
Le scandale de la « cage aux fauves » du salon d'automne de 1905 ouvre le bal, puis ce seront Sonia et Robert Delaunay, Max Ernst, Fernand Léger, Kees Van Dongen, Tamara de Lempicka, Gino Sévérini (futuriste italien) ...
A propos de Robert Delaunay, y figure sa toile « hommage à Blériot » 1913-1914... et rien moins que l'aéroplane de Deperdussin (1911).
Sont également évoqués la mode avec, inspirés des ballets russes, des créations de Paul Poiret ; la musique avec le jazz, Joséphine Baker et la revue Nègre, le ballet « Parade » de Satie (imaginé par Cocteau, décors et costumes de Picasso et chorégraphie de Massine).
Tant d'autres domaines nous appellent (architecture, arts décoratifs) avec, entre autres, Mallet Stevens, Rateau, Ruhlmann, Lalique... époustouflant parcours avons-nous dit !
L'exposition du Petit Palais met aussi en lumière la place des femmes, leur émancipation après la Première Guerre Mondiale : parmi elles, la sculptrice :
Chana Orloff (1888-1968)
exposée au musée Zadkine jusqu'au 31 mars : « Sculpter l'époque »
Précisément, en cette « époque moderne », sa reconnaissance fut fulgurante. Quelque peu oubliée ensuite, gageons que cette exposition soit un prélude à la redécouverte de son œuvre tant de bois, de pierre, de ciment (une des premières à utiliser ce matériau) que « de chair et de sang » selon ses propres mots.
Née en 1888 dans l'actuelle Ukraine, elle développe d'abord des talents de couturière, rejoint le « Paris de la mode » en 1910 et y rencontre Soutine, Chagall, Modigliani, Zadkine...
Dès lors attirée par la sculpture, elle connait le succès dès son exposition au salon d'automne de 1913 et cela malgré, dira t-elle, son statut « d’étrangère, femme, juive, artiste » ... et bientôt veuve, élevant seule son fils Didi.
Son succès repose sur sa capacité à faire entrer le genre portrait dans la modernité, tout en préservant la ressemblance, nous livre la commissaire d'exposition et directrice du musée Zadkine, Cécilie Champy-Vinas.
Chana Orloff travaille ainsi par épure, ne conservant que les lignes de force et dont la patine reflète la lumière.
Après la Guerre, tout son travail pillé ou détruit, son modelé se fait plus tourmenté, expressionniste, réalisant par ailleurs plusieurs commandes pour l'État d'Israël.
Restons dans cette « moderne époque » avec l'exposition :
« Dans l'appartement de Léonce Rosenberg … »
Musée Picasso jusqu'au 19 mai
Au fait de sa gloire, en 1928, le marchand collectionneur désire « une œuvre totale » : soit un artiste pour chacune des 11 pièces de son appartement.
L'exposition est donc une évocation du lieu et de cette belle ambition : une quarantaine d'œuvres comme par exemple le « Cycle des gladiateurs » de Chirico pour le hall d'entrée, « Transparences » de Picabia dans la chambre de son épouse, Gleizes pour celle de sa fille Jacqueline.
Czaky, Valmier, Léger, Metzinger, Ernst...des artistes entre post-cubisme, retour à la tradition, surréalisme, au milieu des meubles anciens et modernes nous font revivre ce magnifique passé, toujours cher à nos yeux.
Nous pouvons à présent nous plonger dans les abîmes colorés de :
« Mark Rothko » (1903-1970)
Fondation Louis Vuitton jusqu'au 2 avril
Le parcours chronologique de cette exposition s'ouvre sur une période figurative (portraits, scènes urbaines avec des influences surréalistes dans les années 40).
Période qu'il clôt dès 1946, bouleversé comme tant d'artistes par la révélation de la Shoah. Rappelons que Marcus Rothkowitz est né en Russie en 1903, son enfance marquée par les pogroms, ceux-ci contraignant sa famille à l'exil en 1913.
Aux États-Unis, avec Barnett Newman, Clyfford Still, Jackson Pollock et d'autres, commence alors l'aventure dite « expressionnisme abstrait américain »
Après sa série « Multiforms » Mark Rothko simplifie peu à peu ses compositions pour n'en retenir que l'essentiel : la lumière émanant de la couleur, soit des rectangles sans réel contour, flottant, vibrant d'un halo étincelant, fruit d'une technique, ne nous y trompons pas, très élaborée de fines couches de glacis superposées : « Color Field painting » les nomme le critique Clement Greenberg. C'est ainsi qu'il veut nous mener par un état d'hypersensibilité visuel et émotionnel, aux profondeurs de la conscience, de la condition humaine entre « Clarté et Ténèbres ». Des ténèbres transcrits au soir de sa vie, par sa série « Black on Grey » (1969), qu’accompagnent, que hantent ici les hautes silhouettes d'Alberto Giacometti.
« Je ne m'intéresse qu'à l'expression des émotions humaines fondamentales, tragédie, extase, mort... ». « Mon art n'est pas abstrait, il vit, il respire » souffre et meurt, pourrait-on ajouter, se donnant la mort en 1970.
Après Mark Rothko, intellectuel nourri de la pensée de Nietzsche, Freud, Jung, allons à la rencontre de :
« Lacan, l'exposition. Quand l'art rencontre la psychanalyse »
Centre Pompidou-Metz jusqu'au 27 mai
Possesseur un temps du si fameux tableau, « L'Origine du monde » de Gustave Courbet, Jacques Lacan entretenait plus largement, de fortes relations avec le monde de l'art ; relations dont il faisait souvent référence lors de ses légendaires séminaires.
Une centaine d'artistes sont ici convoqués, ponts jetés entre sa pensée (aux concepts parfois complexes !) et des problématiques toujours actuelles.
Mais c'est peut-être d'abord, avouons-le, le bonheur de voir, revoir des œuvres d'une incontestable puissance telles le sublime « Narcisse » de Caravage (1597, illustrant la théorie du « stade du miroir »), « L'Origine du monde » de Courbet, bien sûr, puis Picasso, Dora Maar, Salvador Dali, Magritte, Niki de Saint Phalle, Louise Bourgeois, Cindy Sherman.
L'année 2024 sera pour nous tous une « heureuse révolution » avec la réouverture, dans son ensemble, du musée d'Art moderne.
150 ans auparavant naissait une toute autre révolution : « Les Impressionnistes » ; plus précisément le 15 avril 1874, dans l'atelier du photographe Nadar. Aussi dans toute la France, printemps et été bruisseront de ce « courant d'air ». Nous aurons bien sûr l'occasion d'en reparler.
Mais sans attendre ces jours, le musée de l'Orangerie poursuit son riche dialogue entre « Nymphéas » de Claude Monet et artistes contemporains
Après Hermann Nitsch et sa puissante « action painting » colorée (jusqu'au 12 février), le calme, voire la méditation s'invitent avec deux artistes :
« Robert Ryman. Le regard en acte »
du 6 mars au 1er juillet 2024
Toutes les nuances, subtilités du blanc, la matière, la lumière, résonnent avec l'œuvre du Maître des lieux.
« Wolfgang Laib »
du 6 mars au 8 juillet 2024
Ses fragiles installations, de cire d'abeille, de pollen... patiemment récoltés, font écho au frémissement, à la fragilité, la beauté de la nature, nous plongeant dans une pure contemplation.
A noter qu'à Deauville, dans ce magnifique couvent restauré « Les Franciscaines » se tiendra l'exposition :
« Zao Wou-Ki, les allées d'un autre monde » (1920-2013),
du 2 mars au 26 mai 2024
Y figurera, entre autres, un tableau « Hommage à Claude Monet » 1991.
Hommage empreint d'émotions, de sensations, au travers de son langage, ses sublimes nuées colorées.
Pour terminer, permettez-moi une incursion où se côtoient avec bonheur, passé-présent. Il s'agit de la réouverture, le 2 février 2024, de la
Fondation Bemberg à Toulouse
Plusieurs années furent, là aussi, nécessaires à la rénovation du superbe hôtel d'Assézat, d'époque Renaissance.
La première acquisition, à 18 ans, du jeune Georges Bemberg (1915-2011, d'origine argentine) fût une gouache de Pissaro. Suivront Monet, Degas, Gauguin, Matisse, Picasso, Bonnard (magnifique autoportrait).
Collection qu'il complètera par un époustouflant panorama de 500 années d'art français, flamand, hollandais, allemand et bien sûr italien.
On y croise des chefs d'œuvre de Le Brun, Boucher, Cranach, Titien, Tintoret, Véronèse...sans oublier mobilier, objets, précieux livres : une merveilleuse plongée dans le temps et l'art.
Aussi je vous souhaite à tous un merveilleux printemps.
Pour vous.
Christine Leduc
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28/01/2024
Conférence avec projections et rencontres à l'amphithéâtre du musée d'Art moderne.
Entrée libre et gratuite dans la limite des 100 places disponibles.
Au décès de Germaine Richier en 1959, un article non signé de L’Express titrait « Sculpture. Une femme peut donc créer ».
Les représentations sociales ont longtemps tenu pour incompatibles la réserve associée à la condition féminine et l’imaginaire viril du métier de sculpteur (force physique, confrontation aux matériaux, autorité du maître sur les assistants et praticiens…).
Si l’on ajoute les contraintes économiques de la sculpture traditionnelle, tel que le coût élevé des fontes, on mesure les obstacles multiples rencontrés par les sculptrices.
Nombreuses sont pourtant les femmes à s’affirmer dans le champ de la sculpture à partir du XIXe siècle, comme l’ont mis en lumière les travaux d’Anne Rivière.
Ainsi, malgré les difficultés, les sculptrices se sont ont investi dans tous les mouvements d’avant-garde, surréalisme, abstraction, Harlem renaissance, pop art mais elles sont également présentes dans la sculpture académique où elles réalisent de nombreux portraits et des figurines animalières.
Certaines d’entre-elles prennent le marteau et le burin pour répondre à des commandes officielles, ce qui leur permet de travailler la pierre sur de grands formats et d’inscrire leurs œuvres dans l’espace public tels les monuments aux morts.
Plus proche de nous, quelques sculptrices se sont mises au service de la cause féministe.
Les sculptrices ont régulièrement, aux côtés des hommes, participé aux grand salons parisiens, aux grandes expositions collectives et ont parfois reçu des prix importants, à l’exemple de Lucienne Heuvelmans, première femme à obtenir un grand prix de Rome en 1911.
Elles sont également présentes dans les collections des grands musées, et pourtant, leurs noms nous sont bien souvent inconnus.
L’objet de cette conférence est donc de les faire connaître, de montrer leur travail et leur talent.
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05/12/2023
Conférence avec projections et rencontres à l'amphithéâtre du musée d'Art moderne.
Entrée libre et gratuite dans la limite des 100 places disponibles.
La naissance du Centre Pompidou, c’est l’histoire d’une rencontre que personne n’avait imaginée entre un président de la République épris d’art contemporain, un jury de concours courageux et deux jeunes architectes presque inconnus.
Plusieurs fois, le projet a failli capoter et pourtant il est arrivé à bon terme.
Il en a résulté, il y a presque cinquante ans, un bâtiment qui a bouleversé le paysage de Paris et révolutionné l’architecture des lieux de culture.
Bien avant le choc du Guggenheim de Bilbao dessiné par Frank Gehry, le Centre Pompidou a donné le coup d’envoi à une vague mondiale de constructions de musées.
Le bâtiment de Piano et Rogers a connu beaucoup de modifications depuis sa création, il va à nouveau entrer en chantier pour cinq années.
Mais son esprit pluridisciplinaire demeure bien vivant, associant une bibliothèque ouverte à tous et l’une des plus belles collections d’art moderne de la planète.
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03/12/2023
Visite guidée ludique sur le thème des portraits au musée d'Art moderne (à partir de 4-6 ans).
Rendez-vous à l’accueil du musée d'Art moderne.
Réservation 06.81.46.27.06
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02/12/2023
Pour les enfants de 6 à 11 ans - Au musée d'Art moderne de Troyes.
Gratuit sur réservation au 06.81.46.27.06
Viens avec nous et tes amis regarder et réfléchir puis participer à un atelier.
Séances de 14h30 à 17h :
Samedi 27 janvier 2024
De quoi a-t-on besoin pour habiter la planète et bien grandir ?
Samedi 10 février 2024
De quoi a-t-on besoin pour bien vivre et se sentir heureux ?
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01/12/2023
Visite guidée de l’apothicairerie (à partir de 7ans).
Rendez-vous à l’accueil de la Cité du Vitrail.
Réservation au 06.81.46.27.06
11/10/2023
Et voici l'automne qui porte haut ses couleurs, du vert, jaune, orange, rouge, brun. Des artistes, pour leur part, nous en révèlent richesses et nuances. Attardons-nous-y quelques instants.
Beaucoup de vert, de bleu tout d'abord avec :
"Vincent Van Gogh à Auvers sur Oise. Les derniers mois". Musée d'Orsay jusqu'au 04 février 2024.
C'est en effet, quittant l'asile de St Rémy de Provence, le printemps qui l'accueille dans cette paisible bourgade.
De mai à juillet 1890, pas moins de 73 peintures, dessins, gravures, témoignent d'une nouvelle et intense période créative, mais tout autant d'une intense tension psychique que le docteur Gachet, son ami, tentera en vain de juguler.
D'une éclatante palette enrichie du souvenir de la lumière provençale, Van Gogh s'accorde, vibre à toutes les lignes, tous motifs qui l'entourent : un chemin, des racines, un cours d'eau... De ses paysages, il étire le format comme pour embrasser l'infini, et cela jusqu'à l'ultime, puissante et tragique toile : "champ de blé aux corbeaux" (juillet 1890) "J'entends les ailes des corbeaux frapper des coups de cymbales fortes au-dessus d'une terre dont il semble que Van Gogh ne pourra plus contenir le flot. Par conséquent la mort", dira à son propos Antonin Artaud.
Du musée d'Orsay, nos pas nous portent tout naturellement au musée de l'Orangerie, où nous accueillent :
"Amadeo Modigliani. Un peintre et son marchand" jusqu'au 15 janvier 2024.
Ce lieu abrite, outre le grand décor de "Nymphéas" de Claude Monet, la collection Jean Walter-Paul Guillaume, principalement constituée, par ce dernier et recélant notamment des œuvres de Modigliani. Aussi l'exposition se penche-t-elle sur les rapports "marchands-amis", unissant les deux hommes.
Jeune peintre italien arrivé en 1906 au cœur du Paris, capitale des arts, Modigliani pratique alors avec passion la sculpture, influencé par Brancusi et les arts premiers, inépuisable source d'inspiration pour l’artiste. Une rencontre infléchira sa carrière, celle en 1914 d'un tout jeune et passionné marchand d'art : Paul Guillaume - 23 ans ! Ce dernier conquis par son art l'incite à reprendre les pinceaux, se faisant à la fois mécène et marchand. Entre tradition et modernité, des nus sensuels, des portraits si caractéristiques (frontaux, lignes épurées, chaude et profonde gamme chromatique) constitueront désormais l'essentiel de son œuvre. A l'évidence Paul Guillaume est un excellent marchand, un brillant communiquant : fonde la revue "Arts de Paris" en 1918, organise concerts et lectures en ses galeries (avec Apollinaire, Cendrars, Auric, Satie...). Mais au-delà, entre "Modi" et "Novo Pilota" (surnom donné par l'artiste à son marchand) se tissent d'autres liens, de profondes affinités concernant notamment
les arts premiers et la poésie. "Il jugeait la poésie avec une âme mystérieusement douée pour les choses sensibles et aventureuses" écrira Paul Guillaume. Et l'on sait la vie aventureuse, orageuse et tragique de Modigliani : ses amours, sa mort précoce de tuberculose et le lendemain même celle de sa compagne d’alors, Jeanne Hébuterne, enceinte de leur enfant.
Il ne faudrait toutefois pas se laisser gagner par la mélancolie tant il est vrai que les expositions de la rentrée présentent d'autres de ces destinées, certes brillantes mais tragiques avec Nicolas de Staël et Mark Rothko. Partons donc, avertis, à la rencontre de :
"Nicolas de Staël" musée d'art moderne de Paris, jusqu'au 21 janvier 2024.
"Le Prince foudroyé" titrait en 1998 l'ouvrage de Laurent Greilsamer. Il est indéniable qu'un mythe s'est forgé autour de cette belle et grande silhouette : de l'enfant d'aristocrates fuyant la révolution russe à l'orphelin de cinq ans, l'homme aux incessants voyages "un éternel errant, un exilé qui a besoin d'être ailleurs", à sa dernière et douloureuse passion, jusqu'à ce saut fatal, il a 41 ans. Aussi au-delà du personnage romanesque, les commissaires d'exposition tentent d'embrasser toute la complexité, la densité de sa carrière principalement entre 1945 et 1955. Et cela grâce à quelques 200 pièces : peintures, dessins, gravures dont 50 environ ne furent jamais présentées en France. "Ce qui est étrange et fascinant chez de Staël, c'est qu'une année équivaut à une période de création. Ce phénomène inconscient mais flagrant est visible dans la composition, la gamme de couleurs, la qualité des textures, les outils employés, les formats" note Pierre Watt, commissaire. L'artiste a en effet besoin de "casser", pour à nouveau expérimenter.
Voici donc ici présenté le parcours de cet homme "intranquille", tourmenté dans l'art comme dans la vie. Un parcours chronologique nous fait découvrir des œuvres "maçonnées" strates par strates comme une mémoire enfouie dans sa peinture, puis de larges plages de couleurs et encore des blocs, des tesselles aux lumineuses variations chromatiques. Viendront ensuite des formes allusives : un arbre, une silhouette, un bouquet. Il refuse de trancher entre abstraction et figuration, d'être affilié, dira-t-il, au "gang de l'abstraction" (courant artistique dominant en ces années 50). Sa route le mènera jusqu'à la Méditerranée, livrant des toiles d'intensité chromatique croissante. "Le cassé bleu, c'est merveilleux, au bout d'un moment la mer est rouge, le ciel jaune, les sables violets". Aux limites de
l’épuisement, il s'abime dans sa peinture, désormais diluée et posée à la gaze et au coton ; jusqu'à cette œuvre ultime, inachevée, consumée par un rouge incandescent : "Le Concert" mars 1955. Le silence y répond, à jamais.
Après une telle intensité, permettez-moi de n'évoquer l'exposition de Mark Rothko fondation Vuitton, jusqu'au 04 avril 2024 qu'en la prochaine newsletter, tant tragique encore, et sublime s'y conjuguent.
Partons donc au Nord pour :
"Chagall politique ; le cri de liberté". La Piscine - Roubaix, jusqu'au 7 janvier 2024.
Cette exposition ambitionne de souligner l'engagement de l’artiste, chantre d'un humanisme fraternel, face aux évènements de son siècle. Des évènements qui nous apparaissent alors transfigurés par sa féconde imagination, son audacieuse et merveilleuse palette, sans oublier malgré tout, son savoureux sens de l'humour.
Marc Chagall que nous retrouvons au :
Centre Pompidou Paris : "Chagall à l'œuvre-dessins, céramiques, sculptures de 1945 à 1970" jusqu'au 26 février 2024.
On pourra, entre autres y voir les dessins préparatoires aux costumes et rideaux de scène du ballet "L'Oiseau de feu" d'Igor Stravinsky ; les esquisses et maquettes pour la décoration du plafond de l'Opéra.
Ne quittons pas les lieux sans découvrir : "Corps à Corps - Histoire(s) de la photographie" jusqu’au 25 mars 2024.
Née de la rencontre de deux collections photographiques d’envergure, celle du Centre Pompidou et celle de Marin Karmitz (fondateur de la société MK2 spécialisée dans le cinéma indépendant), cette exposition propose une conversation féconde entre les diverses représentations du corps par des photographes d'hier et d'aujourd'hui ; tels Man Ray, Dora Maar, Brassaï, William Klein, Vivian Meyer, Annette Messager...
Toujours au Centre Pompidou ; "Gilles Aillaud - Animal politique" jusqu'au 26 février 2024.
De somptueux animaux, en cage ou en liberté, nous y contemplent, questionnant alors notre rapport à leur monde, notre monde, vaste monde environnant.
Ce lieu nous retient encore pour : "Picasso - Dessiner à l'infini" jusqu'au 15 janvier 2024, dans le cadre du 50ème anniversaire de sa disparition.
Prolifique, il le fût en bien des domaines, mais plus encore peut être dans celui du dessin. Quelques mille travaux ici présentés en témoignent.
Et nous retrouverons Picasso en bien d'autres endroits :
Au musée Picasso bien sûr, avec : "Sophie Calle. A toi de faire ma mignonne" jusqu'au 07 janvier 2024.
Artiste plasticienne, photographe, Sophie Calle porte un regard curieux et décalé sur un choix d'œuvres emblématiques de Picasso ; puis s'en émancipe pour déployer son propre univers : un original, drôle, quelque peu irrévérencieux hommage au maître des lieux.
Au musée du Luxembourg : "Gertrude Stein et Picasso, l'invention d'un langage" jusqu’au 28 janvier 2024.
"Homme de lettres" : ainsi Picasso définissait-il celle dont il réalisa un portrait fameux en 1905-1906. L'exposition s'attache de fait, à dévoiler les affinités, le fertile dialogue "cubiste" entre l'écrivain, la poète américaine et l'artiste espagnol. Plus loin sera évoquée la postérité en divers domaines, à dominante américaine toutefois, de ce duo légendaire.
Nous avions en premier lieu annoncé : "couleurs". Nous terminerons ce rapide (et non exhaustif !) survol de l'actualité artistique en noir et blanc :
"Trésors en noir et blanc. Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec" : au Petit-Palais jusqu'au 14 janvier 2024.
Car c'est bien de trésors qu'il s'agit là, à voir, à revoir, tant il est vrai que la gravure-estampe est un art à sans cesse redécouvrir : tout de subtilité dans le traitement de la lumière, tout de finesse, de détails, pour plus encore apprécier l’œuvre. Attardons-nous sur l'exceptionnelle "Pièce aux cent florins" de Rembrandt, "Mélancolia" de Dürer, "Les Caprices" de Goya, sur Odilon Redon, Edgar Degas...
A noter : Le Petit Palais transfiguré par l'univers étrange et onirique de l’artiste Loris Gréaud jusqu’au 14 janvier 2024.
Peintures, dessins, photographies, estampes, installations...tant de mondes s'offrent ainsi à nous.
Alors, en leur compagnie : Très Bel Automne !
Pour vous, Christine Leduc.
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07/07/2023
Réservation : communication@amisdumamtroyes.fr
Maximum 24 personnes (adultes et enfants confondus)
Visite guidée tout public, par Apolline Guérin, médiatrice des musées de la Ville de Troyes.
La sculptrice Parvine Curie (1936 - ) a passé sa jeunesse à Troyes, laquelle lui a passé autrefois commande d'une porte monumentale pour orner la façade du musée d'art moderne (1984).
Au cours de sa carrière, elle a nourri une recherche d'harmonie entre l'architecture, l'homme et la nature.
Les « Mères », thème de prédilection de l'artiste, incarnent un message universel d'espoir, comme le montre l'exposition présentée au MAM de Troyes, à partir du 23 juin 2023.
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06/07/2023
Réservation 06.81.46.27.06
Maximum 24 personnes (adultes et enfants confondus).
Visite guidée tout public par Martin Dehoux, médiateur des musées de la Ville de Troyes de l'apothicairerie.
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04/07/2023
Conférence avec projections et rencontres à l'amphithéâtre du musée d'Art moderne.
Entrée libre et gratuite dans la limite des 100 places disponibles.
Même au XXe siècle, prétendant que le sujet est un prétexte, le visage ne reste pas un sujet comme un autre.
Ses transformations ne s'effectuent pas au même rythme que celle des autres genres.
Car on ne peut porter atteinte au visage, le déformer, sans remettre en question la notion de personne.
Plus fondamentalement, c'est notre identité propre que nous protégeons en protégeant le visage.
Cette conception, qui fait de la représentation du visage un substitut de l'être, crée un tabou qui interdit de heurter l'intégrité de cette forme.
Etroitement surveillé et protégé, il est le dernier maillon de la chaine qui nous relie à la tradition humaniste.
Ainsi toute transformation du visage produit elle un effet immédiat et ne nous laisse-t-elle jamais indifférent.
On sait le malaise, mêlé parfois d'un plaisir ambigu, que peuvent provoquer par exemple les œuvres de Francis Bacon.
La réflexion proposée aura comme but de parcourir les changements de la représentation du visage dans la peinture au cours du XIXe et XXe siècles à travers les portraits et les autoportraits.
On verra en effet, que si parfois sa présence est moins remarquée, si parfois il « perd sa face », alors en dernière instance, tel un Phénix, il renaît toujours de ses cendres.
Les « portraits » de Giacometti, entre effacement et affirmation, en sont un exemple magnifique.
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23/04/2023
Et d’abord ce vœu, déjà en partie certes exaucé, avant que de l’être entièrement courant de cette année 2023 :
« R’ENTRONS AU MUSEE »
Aussi pour ce premier trimestre d’actualités, ai-je fait le choix d’évoquer des expositions, pour la plupart, en lien avec des œuvres du musée d’art moderne de Troyes (MAM), afin d’enrichir, peut-être, nos connaissances, notre plaisir certainement. Et cela d’autant que les expositions dites « grandes » s’épanouissent plus volontiers au printemps.
Ainsi Germaine RICHIER (1902-1959) au Centre Pompidou à Paris du 1er mars au 12 juin 2023. Dans le jardin du musée, se dresse une de ses sculptures « La Spirale » de 1956. Elève de Bourdelle à la Grande Chaumière, elle mature peu à peu son propre langage ; langage dans lequel le corps humain reste l’élément, même ténu, de référence, tout en développant des tendances expressionnistes voire fantastiques imprégnées des mondes humain, animal, minéral, cosmique. Ainsi par exemple « l’Orage » de 1947-1948 (et sa version féminine « L’Ouragane » de 1948) imposent leurs silhouettes puissantes, « telluriques », conjuguant ces divers univers. Ou encore ses figures « insectiformes » (L’Araignée, la Chauve-Souris, la Cigale et autres créature surréelles), piégeant l’espace par un réseau de fils. Elle exposera, notamment en 1948 à Berne pour « Sculpteurs contemporains de l’école de Paris » au côté de Giacometti, Laurens, Lipchitz…
Liée par ailleurs aux peintres Hans Hartung, M.E Vieira da Silva ou Zao Woo-Ki , elle intégrera parfois, dans les années 50, la couleur à ses sculptures. « La Spirale » de 1956, se situe dans une phase où Germaine Richier pousse sa réflexion tendant à réduire son langage plastique jusqu’à cette forme d’abstraction. Œuvres et personnalité fortes, donc qu’Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, nous présente comme « une sorte de chainon manquant entre Rodin et César ».
Et puisque nous nous trouvons au Centre Pompidou n’hésitons pas à (re)parcourir les espaces consacrés à l’art moderne… et contemporain.
Récemment sur les cimaises du MAM de Troyes, nous avons pu découvrir ce tableau : La Plaine (ou les bords de la Tamise) H/T 1954, de Maria-Elena VIERA DA SILVA (1908-1992). Une exposition lui est consacrée au Musée des Beaux-Arts de Dijon jusqu’au 3 avril 2023. Née en 1908 à Lisbonne, elle fut très tôt, par sa famille, sensibilisée aux pratiques artistiques. Installée à Paris en 1928, elle y poursuit son apprentissage auprès de Bourdelle et Despiau. Se tournant ensuite vers la peinture, elle approfondit sous le regard de Léger et Bissière, les questions de composition, de perspective, depuis peu « bousculées ». Très inspirée par l’œuvre de Torses Garcia (qui, dans un art « constructif » entre abstraction – figuration veut réunir raison - émotion – nature), elle l’enrichira de la couleur, puisée aux toiles de Bonnard. Sur des emprunts au monde réel tels qu’en témoignent nombre de titres (Les Tisserands, la Bibliothèque, Filet… mais aussi Naufrage, Insurrection, Incendie…), elle élabore une sorte de grille, de damier, de « mise au carreau » (influence de l’azulejo peut-être ?) de la couleur, une couleur aux gammes somptueuses, puissantes ou évanescentes. S’y révèlent des espaces fragmentés, souvent labyrinthiques, chemin vers la non-figuration. Et sur ce chemin, elle rencontrera des artistes tels Poliakoff, Hartung, Estève, Bazaine, Soulages… (et Germaine Richier, donc). Groupe non réellement constitué, aux aspirations diverses mais souvent qualifié de « Nouvelle Ecole de Paris ».
L’exposition de Dijon se constitue en 2 parties : un premier temps « l’œil du labyrinthe », soit une rétrospective de son œuvre. Deuxième temps, « l’œil des collectionneurs » : où est mis en lumière la relation privilégiée de l’artiste avec ses mécènes : Kathleen et Pierre Granville, généreux donateurs et initiateurs de la collection d’art moderne du musée de Dijon.
Approchons-nous à présent d’Ossip ZADKINE (1988-1967) et de son œuvre au MAM de Troyes : « Projet de monument à Guillaume Apollinaire » 1937. Puis rendons-nous à Paris au Musée ZADKINE, pour « Ossip Zadkine – une vie d’ateliers » jusqu’au 2 avril 2023.
C’est là une exposition anniversaire célébrant les 40 ans du musée et ces mêmes 40 ans de création de 2 artistes : Ossip Zadkine et Valentine Prax, son épouse, peintre quant à elle. On y découvre en effet, en ce lieu retiré, merveilleux, un esprit préservé d’atelier, une vie de foyer-atelier. Et cela grâce à la présence de leurs œuvres respectives (des peintures de Valentine Prax rarement montrées), d’objets (livres, samovar…) et de photographies notamment d’André Kertesz. « Viens voir ma folie d’Assas et tu verras comme la vie d’un homme peut être changée par un pigeonnier, par un arbre », confiait Ossip Zadkine à un ami. Originaire de Vitebsk (aujourd’hui en Bielorussie), arrivé à Paris en 1909 à la Ruche, il participera au renouveau de la sculpture au XXe siècle, avec bien sûr d’autres artistes tel Brancusi, Lipchitz… Intégrant tant l’héritage de la sculpture romane, de Rodin, des arts africains, comme des avant-gardes dont le cubisme, il élabore un style original, un lyrisme expressif aux formes anguleuses, multiples, où creux et reliefs se jouent entre ombre et lumière. Une sensibilité particulière l’incline souvent à traduire musique ou poésie. Tout aussi inspirée, foisonnante… et colorée se révèle à ses côtés, la peinture de son épouse Valentine Prax.
Où il est aussi question de peinture avec l’exposition MATISSE – Cahiers d’art, le tournant des années 30 » du 1er mars au 29 mai 2023, Musée de l’Orangerie. Pas que de peinture, bien sûr, le MAM de Troyes possédant déjà dessins, tapisserie… et peinture. En 1930, Matisse quitte la France pour un voyage aux Etats Unis, puis à Tahiti, marquant un tournant, une réflexion renouvelée comme en témoigne par exemple la genèse de la Danse pour le Docteur Barnes (tryptique conservé à la Fondation Barnes – Philadelphie). Son retour en France, et au cœur de l’actualité artistique, sont envisagés pour cette exposition au prisme des publications « Cahiers d’Art ». Il s’agit de publications artistiques, littéraires initiées, éditées par Christian Zervos (de 1926 à 1960), célèbre critique d’art, collectionneur, écrivain. Ces pages « d’avant-garde » mettent en lumière des artistes tels que Braque, Miro, Kandinsky, Mondrian, Duchamp, Le Corbusier, Picasso… et Matisse donc, tant pour sa peinture radicale d’avant1916 que celle de ces années 30, aussi radicale en ce sens qu’elle préfigure les papiers gouachés, découpés. C’est ainsi le bonheur de découvrir au Musée de l’Orangerie des œuvres de ces années, pour beaucoup conservées aux Etats-Unis, des dessins, gravures, sculptures… et des publications « Cahiers d’art », bien sûr.
Souvent associé/opposé à Matisse, se dresse la figure de PICASSO : au MAM de Troyes, dessins et sculpture : « le Fou », un bronze de 1905.
Nous pensions avoir déjà beaucoup vu de PICASSO, il n’en est rien !! l’imagination de présentations est sans limite. De Paris à Antibes, de Malaga, Madrid à New York, ce ne sont pas moins de 42 expositions qui célèbrent, célèbreront le cinquantenaire de la mort du Maître (1881-1973).
Vaste choix ; et je ne ferai ici qu’en citer quelques-unes :
- Au Musée Picasso – Paris, c’est le créateur de mode Paul Smith qui repensera un accrochage haut en couleur (toute notre confiance !!) des collections du musée (du 7 mars au 27 aout 2023).
- Le Musée de l’Homme explorera son rapport à l’art préhistorique (8 février au 16 juin 2023).
- Antibes se penche sur la dernière période, soit de 1969 à 1972 (8 avril au 25 juin 2023)
- Tout près, Vallauris et la céramique (6 mai au 30 octobre 2023).
Et plus loin, la Fondation Beyeler, plus loin encore le Guggenheim de New York, apporteront leur éclairage sur cette tutélaire figure du XXe siècle.
Bientôt aurons nous le plaisir de découvrir, au MAM de Troyes, deux très beaux ouvrages de LEOPOLD SENGHOR (1909-2001), illustrés à sa demande par des artistes majeurs de l’art moderne et contemporain. Aussi, dans cette attente, vous convierai-je au Musée du Quai Branly pour « Senghor et les arts – Réinventer l’universel » du 7 février au 12 novembre 2023. A la fois poète, essayiste et président du Sénégal de 1960 à 1980, L. Senghor n’eut de cesse de se battre pour que l’Afrique puisse elle-même « écrire » son histoire. Dans cet idéal de (re)connaissance mais aussi de dialogue (« un rendez-vous du donner et du recevoir », disait-il). Le musée du Quai Branly lui rend hommage au travers de sa propre collection africaine, d’écrits, de poèmes illustrés par, en autres, Pierre Soulages, Hans Hartung ; tendant ainsi, autant que faire se peut, à rendre compte de cette belle pensée universaliste.
Puisque nous nous trouvons en ces lieux, attardons-nous quelques temps encore pour cette présentation : « Kimono », jusqu’au 28 mai 2023. Grande histoire, en effet, de ce qui fût plus qu’un simple tissu, tant au Japon qu’en Occident. Apparu il y a un millénaire, il est adopté sous l’ère Edo (1603-1868) par tous les japonais pauvres et riches, samouraïs, ou geishas. Il s’exprime, véritable acteur, avec le théâtre kabuki et se révèle enfin au reste du monde quand le Japon s’ouvre au commerce extérieur vers 1850. Les artistes s’emparent de ce vent artistique nouveau (Monet, Whistler, Van Gogh…), les couturiers tout autant de Paul Poiret et Alexandre Mac Queen.
Avant de revenir au musée, restons encore un peu sur ces routes vagabondes. Après le Japon, celles d’un Orient rêvé avec le Musée du Louvre, « splendeurs des oasis d’Ouzbékistan » jusqu’au 6 mars 2023. Où bijoux, céramiques, peintures, miniatures merveilleuses de l’école de Boukhara au XVIe siècle, nous emportent.
Et « Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d’or », à l’Institut du monde arabe jusqu’au 4 juin 2023. Où comment au-delà des siècles, des frontières, l’art tisse des liens, de magnifiques liens, que nous aurons à cœur de conserver.
A très bientôt donc, nous l’espérons, au MAM de Troyes, pour une Très belle année à Tous.
Pour vous,
Christine Leduc
Si vous voulez nous soutenir et adhérer à notre association, rubrique NOUS SOUTENIR.
23/04/2023
Ouvrons ces pages avec une invitation, promesse de beaux jours.
Le Domaine de Chaumont sur Loire nous convie à la nouvelle « SAISONS D’ART » (jusque au 29 octobre) en son château Renaissance, ses vastes parc et jardins, bel écrin à une déambulation, un voyage entre imaginaire et poésie.
Puis plongeons-nous au cœur de la scène artistique parisienne où deux « face à face » retiennent d’abord notre attention. En fait, c’est un véritable « corps à corps » qui est proposé à la Fondation Vuitton : BASQUIAT ET WARHOL – à quatre mains », jusqu’au 28 aout. Et pourtant, dans les années 80, leur rencontre semble bien improbable. Andy WARHOL (1928-1987, maitre incontesté du pop’art a bâti son succès en exploitant, non sans dérision, les emblèmes de la société consumériste américaine. Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988), encore peu connu mais tout de rage de vivre, revendiquant un statut d’homme de couleur, dénonçant, pour sa part, ces mêmes emblèmes consuméristes, usant d’un style graphique percutant. Ironie, c’est un marchand d’art qui les réunira, initiant une collaboration féconde, « électrique voire explosive », « entre jeu et joute » dira Suzanne Pagé. Des années 1983 à 1985 naitront quelque 160 toiles « à quatre mains » (une centaine à l’exposition), de très grand format pour la plupart, où Jean-Michel BASQUIAT, manifestement entraine son ainé, comme « revivifié « , vers des rives plus engagées socialement, politiquement. Mais suite à l’exposition de leurs œuvres, la critique se montrera extrêmement sévère, n'y voyant là qu’un faire-valoir pour Andy WARHOL, brisant à jamais cet élan.
Restons toutefois dans l’univers inspirant de Jean-Michel BASQUIAT avec « BASQUIAT SOUNDTRACKS) » (Basquiat Bandes sonores), à la Philharmonie de Paris jusqu’au 30 juillet. Jazz, blues, reggae (mère d’origine portoricaine, père d’origine haïtienne), hip-hop naissant, mais aussi opéra, classique (dont Beethoven) : sublime fracas ! l’exposition révèle ainsi, tour à tour, et avec talent ces riches sources au processus créatif de Jean-Michel BASQUIAT (des toiles y sont conjointement présentées) ; processus, vous l’aurez compris, puissant, vibrant, vivant… et fulgurant ! (il décèdera en effet à 28 ans d’une overdose)
C’est un face à face plus feutré, nuancé, qui se tient au musée d’Orsay MANET (1832-1883) - DEGAS (1834-1917), jusqu’au 23 juillet. Au travers de ces deux essentielles figures, l’exposition dévoile, de fait, ce que la modernité en ces années 1860-1880, eût d’hétérogène voire de conflictuel, entre rupture et continuité, audace, et citation, tel qu’en témoigne Edouard MANET et le « Déjeuner sur l’herbe » de 1863. C’est un dialogue, et une lecture donc, subtiles, qui s’engagent au fil de cette exposition entre ces deux acteurs de la modernité. Une quinzaine de toiles prêtées par le Métropolitain Museum of Art de New-York, ainsi que par d’autres musées américains, européens et collectionneurs privés ont permis d’enrichir la collection du musée d’Orsay. De salles en salles, notre regard peut alors s’aiguiser, décelant ici et là affinités, dissemblances, emprunts. Manet, pour exemple, brossant « Femme dans un tub», un des thèmes de prédilection de Degas. Ou dans cette scène très « moderne » d’un café : « La Prune » de Manet, dans un ravissant camaïeu de tons blanc-rose-prune, arbore une jolie moue rêveuse alors que dans « L’Absinthe » de Degas, la composition légèrement déséquilibrée, les tons sombres présentent une jeune femme semblant accablée, Degas ayant toujours été très attentif, sensible au dur labeur féminin (« Repasseuses »…). Manet – Degas, une relation complexe donc entre émulation et rivalité.
« Degas aura du succès demain » écrivit Manet. « il était plus grand que nous le croyions » déclara Degas à la mort de Manet, emporté à 51 ans.
Degas toujours, mais en autres compagnies et avec ce médium d’exception : « PASTELS – DE MILLET à REDON », Musée d’Orsay, jusqu’au 2 juillet. Leur fragilité les tient souvent en réserve, aussi sachons apprécier cette sélection d’œuvres (une centaine sur les 500 de la collection d’Orsay) reflétant, après un brillant XVIIIe siècle, un regain d’intérêt pour ce médium dans la seconde moitié du XIXe siècle : Boudin, avec ses « études de nuages » puis Millet, Manet, Mary Cassat, Levy-Dhurmer, Redon et se étranges chimères, Degas bien sûr dont ses vaporeuses danseuses à l’opéra, contrastant avec ce sombre « Départ pour la pêche » de Mondrian : éclectique merveilleux florilège.
DEGAS, encore mais seul cette fois : « DEGAS EN NOIR ET BLANC », Bibliothèque nationale de France, du 31 mai au 3 septembre. Cette originale exposition propose une approche inédite de l’œuvre d’Edgar Degas, signalant bien sa place singulière parmi les artistes impressionnistes. S’y montre son intérêt pour des supports et techniques variés, au-delà de la peinture et du dessin : une passion pour l’estampe avec ces thèmes de la vie « moderne » (opéra, cafés concerts, intérieurs bourgeois…) ou femmes à la toilette, maisons closes… Plus tard la photographie qui lui permettra d’autres expérimentations dont d’audacieux cadrages, repris dans certains de ses tableaux : plongée, contre-plongée, hors champ.
Nous ne quittons pas tout à fait cette époque et la photographie avec, illustrée à nombreuses reprises par Gaspard-Félix Nadar, SARAH BERNHARD, et la femme créa la star ». PETIT PALAIS, jusqu’au 27 aout. Il y a 100 ans, s’éteignait ce « monstre sacré », terme inventé pour elle par Jean Cocteau, « Divine » « à la Voix d’or » pour Victor Hugo se jetant à se pieds ou « Sarah Barnum » pour se frasques réputées dont elle avait fait un art et une puissante publicité. Mais au-delà de cet imaginaire collectif, l’exposition tend à montrer les facettes, les univers de cette femme magnétique tant au théâtre (L’Aiglon d’Edmond Rostand, La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas, Phèdre de Racine, Ruy Blas de Victor Hugo et tant d’autres joués dans le monde entier), qu’en ces cercles amicaux (- amoureux), littéraire, artistique, elle-même artiste de talent. 400 objets et œuvres d’art sont alors mis en scène en ce lieu tout à sa mesure : photographies de Nadar, affiches de Mucha, magnifiques portraits de Jules Bastien-Lepage, de Georges Clairin peut-être plus encore, longue ligne vaporeuse, costumes de scènes (Cléopâtre, Théodora…) enregistrements de cette « Voix d’Or » (déclamation certes étranges de nos jours), évocation de son salon-atelier où l’on découvre ses œuvres, des sculptures principalement dont un saisissant « autoportrait en chimère ».
Mais autre qu’une chimère, c’est une présence qui se glisse et parcourt avec nous, le Petit-Palais. Oh combien plus discrète, son nom vous est peut-être d’ailleurs inconnu ? (peut-être moins celui de son mari Hans Hartung ?) ANNA-EVA BERGMAN (1899-1987) Voyage vers l’inconnu. Musée d’Art moderne de Paris, jusqu’au 16 juillet.
Mais avant que d’atteindre une forme de plénitude picturale, le voyage fût long, souvent difficile, mouvementé au travers l’Europe, de sa Norvège natale à la France, à Antibes enfin, tant d’ailleurs au niveau de sa vie personnelle, qu’artistique. Le XXe siècle lui fera découvrir des repères, des amis, un mari aussi (épousé 2 fois à 28 années d’intervalle !) : Klimt, Munch, André Lhote à Paris en 1929, Kandinsky, Mondrian, puis après-guerre Soulages, H. Vieira Da Silva. Hans Hartung bien sûr : c’est alors cette peinture abstraite de la « Nouvelle école de Paris », d’après-guerre. Si un temps pour vivre elle réalise des dessins d’illustration pour des journaux, elle est fascinée par les lignes, la lumière dans la nature. C’est un ami, architecte, restaurateur de cathédrales, qui lui parle équilibre idéal, nombre d’or, géométrie ainsi que de la technique de la feuille d’or, dans les retables médiévaux. Elle a 40 ans, le véritable voyage peut alors commencer. « il nous faut quitter notre vieux monde pour entrer dans le nouveau. C’est un saut périlleux. L’art abstrait » notera-t-elle alors. De ses voyages dans les fjords norvégiens aux paysages méditerranéens, pierres, d’eau, d’astres, elle ne retiendra désormais plus que les lignes évidentes, cohérentes ;
La feuille métallique d’or, d’argent, de cuivre, d’aluminium, lui permettant de matérialiser la lumière telle une couche picturale. C’est « une peinture vivante, lumineuse, contenant sa vie intérieure » s’exclame-t-elle. Une vie qu’elle poursuivra et achèvera avec Hans Hartung dans une maison-atelier à Antibes, véritable utopie architecturale d’espace et de lumière en osmose avec la nature environnante. Aujourd’hui fondation garante de leurs œuvres et ouverte au public de mai à septembre.
Puisque nous sommes dans ce sud de la France, signalons la réouverture du Musée d’art contemporain de Marseille, avec, outre des expositions temporaires (actuellement l’artiste italienne PAOLA PIVI), un redéploiement de sa collection permanente, haut lieu de Nouveau Réalisme (Niki de Saint Phalle, Yves Klein, César, le marseillais) et Annette Messager, Jean-Michel Basquiat…)
Un peu plus loin sur l’ile de Porquerolles, la Fondation Carmignac nous invite à l’exposition « L’ile intérieure » du 29 avril au 5 novembre. Et vous ne serez donc pas surpris d’y retrouver Anna-Eva Bergman en belle compagnie pour d’autres « lumineuses vies ».
Retournons à Paris, un lieu envoûtant, différemment, le Musée de la Vie Romantique, niché au cœur de Pigalle, et ouvrant pour la première fois ses portes à l’art contemporain. Le maître des lieux et peintre romantique, Ary Scheffer y reçoit jusqu’au 10 septembre FRANCOISE PETROVITCH, Aimer – Rompre. Ces deux verbes illustrent bien l’esprit romantique du XIXe siècle, comme témoigne pour exemple un portrait
« revisité » par Françoise PETROVITCH, de George Sand, grande amoureuse s’il en fut ; portrait placé au côté de celui d’Auguste Charpentier en 1837-1839. L’artiste y présente un univers sensible, aux grands aplats de couleurs, séduisantes, acidulées et qui reflète avec une délicatesse teintée de mystère, de mélancolie tout Entre-Deux : celui du sentiment amoureux, de l’enfance – adolescence, du rêve réalité. Et voici le commentaire d’un critique d’art à propos de cette exposition : un univers intrigant à découvrir seul, à deux ou mieux, accompagné de ses ados… » A tenter donc !
Quelques pas nous séparent du Musée de Montmartre avec « SURREALISME AU FEMININ ? » jusqu’au 10 septembre. Bien sûr il y eût Marx Ernest (exposé cet été à l’Hôtel de Caumont, Aix en Provence), Man Ray, Masson, Tanguy… qui explorèrent ces lieux libérés de la raison, de la conscience. Le Musée de Montmartre a quant à lui, l’ambition de présenter d’autres explorateurs, des femmes moins assujetties à la « doxa », la ligne édictée par André Breton, plus libres peut-être… mais à quel prix souvent ! Nous y croiserons là, connues et moins connues, Dora Maar, Lee Miller (on le sait désormais à l’origine du principe photographique de solarisation, cher à Man Ray), Meret Openheim, Leonora Carrington (merveilleux univers de celle qui fût un temps l’épouse de Max Ernest) et Jane Graverol, et Franciska Clausen et tant d’autres en ce si accueillant « Petit Musée ».
Et partout sur vos routes :
A Metz (Centre Pompidou) jusqu’au 11 septembre, « SUZANNE VALADON, un monde à soi ».
A Villeneuve d’Ascq (LAM jusqu’au 2 juillet) ISAMU NOGUCHI ; au-delà de ses célèbres et délicates lampes en papier, un artiste absolu entre sculpture, architecture, scénographies (avec Martha Graham).
A Nantes HYPER SENSIBLE, jusqu’au 3 septembre, sculpture hyperréaliste (sans oublier les collections permanentes de ce lieu magnifique… 6 ans de travaux de rénovation !)
A Arles, à Montpellier, à Rodez (Musée Soulages, son architecture, les œuvres de son hôte)
Mais tout d’abord, avec vos proches, vos amis, vos familles
Très bon été
Bien à vous
Christine Leduc
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